L’histoire de Médor, un labrador de 8 ans, illustre la gravité d'une infection urinaire non diagnostiquée à temps. Ses propriétaires, initialement préoccupés par une augmentation de sa soif, ont tardé à consulter. L'infection évoluant en insuffisance rénale, Médor est malheureusement décédé. Chaque année, **des milliers de chiens** souffrent d'infections urinaires, démontrant l'importance d'une détection précoce.

Une infection urinaire canine, ou cystite, est une inflammation de la vessie, généralement d'origine bactérienne. Le système urinaire – reins, uretères, vessie, urètre – joue un rôle vital. Une infection peut rapidement compromettre sa santé globale. Il est important de distinguer la cystite d'autres problèmes urinaires comme les calculs rénaux (**environ 10% des chiens** sont touchés) ou les tumeurs.

Types d'infections urinaires canines

Les infections urinaires chez les chiens se manifestent de diverses manières, avec des degrés de gravité variables.

Cystite (infection de la vessie)

La cystite est la forme la plus fréquente. Elle est le plus souvent due à des bactéries comme *E. coli* (**environ 80% des cas**), mais des virus et des champignons peuvent aussi en être responsables. Les facteurs de risque incluent l'âge (les chiens âgés sont plus vulnérables, **jusqu'à 20% de plus** que les adultes), le sexe (les femelles sont plus susceptibles en raison de leur anatomie plus courte), l'obésité (**plus de 50% des chiens obèses** présentent des problèmes de santé liés au poids), et des prédispositions génétiques. L'infection survient lorsque des bactéries pénètrent dans la vessie, se multiplient, et provoquent une inflammation. Une mauvaise hygiène ou des anomalies anatomiques (comme des obstructions) peuvent exacerber le risque.

Infections des voies urinaires supérieures (IVUS)

Les infections des voies urinaires supérieures, notamment la pyélonéphrite (infection rénale), sont plus dangereuses. Elles peuvent causer des dommages rénaux permanents, **potentiellement irréversibles** si le traitement est retardé. Les symptômes incluent une forte fièvre (au-dessus de 40°C), des douleurs abdominales intenses, et une léthargie importante. Une pyélonéphrite non traitée peut mener à une insuffisance rénale aiguë, voire la mort du chien. **Le taux de mortalité peut atteindre 10%** sans intervention rapide.

Infections associées

Une infection urinaire peut coexister avec d'autres infections, telles que des infections vaginales chez les chiennes ou des infections prostatiques chez les mâles (**environ 5% des cas**). Ces infections secondaires aggravent les symptômes et nécessitent un traitement spécifique. Une infection vaginale non traitée, par exemple, peut s'étendre à la vessie, aggravant l'inflammation et la douleur.

Signes d'infection urinaire à reconnaître chez votre chien

La détection précoce est essentielle pour un traitement efficace. Les symptômes peuvent varier, mais certains signes doivent vous alerter.

Signes urinaires

Des changements dans les habitudes mictionnelles sont souvent les premiers indicateurs. Ceci inclut des mictions plus fréquentes (pollakiurie), des mictions urgentes, des difficultés à uriner (dysurie), une émission d'urine par gouttes (strangurie), une augmentation du volume d'urine (polyurie) ou, au contraire, une diminution (oligurie) voire une absence (anurie). On observe souvent de l'hématurie (sang dans les urines), une urine trouble et malodorante, ainsi qu'un léchage excessif de la zone génitale. Un chien peut uriner de petites quantités plusieurs fois par jour, ou peiner à uriner sans succès.

  • Pollakiurie : Mictions fréquentes (plus de 7 par jour) même la nuit.
  • Dysurie : Difficultés à uriner, gémissements, postures inhabituelles.
  • Hématurie : Sang dans les urines (couleur rougeâtre ou rosée).
  • Urine trouble : Aspect trouble, nuageux ou mousseux.
  • Léchage excessif : Léchage répétitif et insistant de la zone génitale.

Signes généraux

Des symptômes généraux accompagnent souvent une infection sévère. Une fièvre (au-delà de 39,5°C), une léthargie, une perte d'appétit (anorexie), une déshydratation (gencives sèches, peau qui ne revient pas en place), et une douleur abdominale à la palpation sont des signes importants à surveiller. Ces symptômes indiquent une réponse inflammatoire systémique à l'infection.

  • Fièvre : Température rectale supérieure à 39,5°C.
  • Léthargie : Apathie, manque d'énergie, sommeil excessif.
  • Anorexie : Perte d'appétit, refus de manger.
  • Déshydratation : Gencives sèches, peau flasque.
  • Douleur abdominale : Sensibilité à la palpation de l'abdomen.

Signes spécifiques selon le sexe et l'âge

Les chiennes sont plus sujettes aux infections urinaires, notamment après un accouchement (risque d'infection post-partum). Les chiens âgés, avec un système immunitaire affaibli, sont plus vulnérables. Chez les mâles, une hypertrophie bénigne de la prostate peut causer une obstruction de l'urètre, augmentant le risque d'infection. Chez les chiots, des malformations congénitales peuvent prédisposer à des infections récurrentes.

Quand consulter un vétérinaire ?

Toute modification du comportement mictionnel, surtout avec des signes généraux, nécessite une consultation vétérinaire. Certains cas nécessitent une intervention immédiate.

Urgence vétérinaire

Contactez immédiatement un vétérinaire si votre chien présente une anurie (absence d'urine), une forte fièvre (au-dessus de 40°C), des douleurs abdominales intenses, des vomissements importants, ou des signes de choc (faiblesse, pouls rapide et faible).

Consultation rapide

Consultez votre vétérinaire rapidement si votre chien présente des mictions fréquentes, une urine trouble ou malodorante, un léchage excessif de la zone génitale, une légère fièvre, ou une perte d'appétit.

Préparation à la consultation

Avant la consultation, collectez un échantillon d'urine dans un récipient propre et stérile si possible. Notez la fréquence des mictions, le volume urinaire approximatif (estimation), et décrivez précisément les symptômes. Ces informations aideront votre vétérinaire à établir un diagnostic précis.

Diagnostic et traitement de l'infection urinaire canine

Le vétérinaire effectuera un examen clinique et prescrira des analyses (analyse d'urine, culture urinaire, etc.) pour identifier la cause de l'infection. Une échographie ou une radiographie peuvent être nécessaires pour détecter des calculs rénaux ou d'autres anomalies. **Environ 70% des infections urinaires** répondent bien à un traitement antibiotique approprié, généralement administré pendant 7 à 14 jours. Des antalgiques peuvent soulager la douleur, et une hydratation suffisante est cruciale. **Plus de 90% des chiens traités** récupèrent complètement.

Le traitement dépendra de la sévérité de l'infection et de la présence de complications. Il est essentiel de suivre scrupuleusement les instructions de votre vétérinaire. Une récidive peut survenir si le traitement n'est pas terminé correctement, ou si la cause sous-jacente n'est pas traitée. **Les récidives touchent environ 20% des chiens.**

Prévention des infections urinaires chez le chien

Une bonne prévention est importante pour réduire le risque d'infection. Assurez-vous que votre chien a un accès constant à de l'eau fraîche et propre. Une alimentation de haute qualité, adaptée à son âge et à sa taille, renforce son système immunitaire. Maintenez une bonne hygiène, notamment en nettoyant régulièrement sa zone génitale. Des visites régulières chez le vétérinaire permettent une détection précoce de problèmes potentiels.